Artiste | Piet Mondrian 1 |
Œuvre | New York City 1 |
Date de création | 1942 |
Dimension | 119 x 114 cm |
Média | Huile sur toile |
Principales caractéristiques | New York City 1, issue d’une
série de 4 tableaux, est une toile constituée d’un
ensemble de bandes verticales et horizontales de couleurs pures (jaune,
rouge bleu) se croisant de bord en bord sur un fond blanc. Les larges
rubans tous en aplats coupent les quatre lignes rouges et les quatre
lignes bleus qui, à leur tour passent sur les jaunes en quelques
points 2, le tout dans un style non figuratif
donnant une « impression de trompe l’œil » (Seuphor,
1970) 3. Cette grille de couleurs évoque
d’une manière abstraite les grandes avenues new-yorkaises.
|
Situation dans l’œuvre de l’artiste | Mondrian, d’abord peintre figuratif (luministe),
adopte suite à son séjour à Paris (1911) le style
cubiste. Il en fait une exploitation plus poussée, plus organisée
et rigoureuse (ex : règle du nombre d’or) que Braque et Picasso,
s’astreignant à un nombre limité de couleurs.
5 Les toiles issues de cette période
cubiste sont caractérisées par une certaine organisation
dite en « réseau continu ». 4
Alain Biancheri note aussi la présence de signes « + et –»
dans des œuvres structurées par l’équilibre des
contraires. De retour aux Pays-Bas et au contact de peintres compatriotes
dont Toorop Sluyters et Bart Van der Leck, Mondrian initie le courant
néo-plasticiste qu’il théorise dans « La nouvelle
plastique dans la peinture » (1917) publié dans la revue
néerlandaise De Stilj (co-fondée par Mondrian). Le peintre, alors dans sa période abstraite, s’attache aux principes établis dans la Nouvelle plastique. Mondrian, à Paris puis à Londres, peint dorénavant des lignes verticales et horizontales se coupant en angle droit. Les plans sont séparés par des bandes de couleurs primaires (jaune, bleu, rouge, blanc, noir, le gris est toléré). Ses travaux prônent une « plastique pure » 6 dans un style dit « art vrai » (Composition with red and black,1936). L’artiste vise une « expression de la réalité pure » 7 dans ses huiles sur toiles. Arrivé à New-York en 1940, Mondrian est inspiré par la ville et ses rythmes nouveaux. Il signe en 1941-42 une série de 4 tableaux intitulée New York (City, I, II, III) 2 où il abandonne le noir et le gris. Il substituera dans ses derniers tableaux les lignes continues par des petites bandes colorées juxtaposées (Broadway Boogie Woogie,1943-44). 8 |
Situation dans son contexte | Comme de nombreux artistes du début du XXème
siècle, Mondrian adhère aux idées du mouvement cubiste
(1911). En marge du futurisme italien et du suprématisme russe
il développe une forme d’abstraction où tout lien
organique est exclu, tel que dans le constructivisme. Il rejette l’expression
de la nature qu’il juge « limitée » et «
une bien terrible affaire […]je la supporte avec peine ».
Dans ses ateliers successifs, le peintre cherche le « nouveau »
dans l’abstraction qui lui permettrait de mieux exprimer «
l’essence de l’art ». 9 Mondrian
vise au final, l’expression de «l’universel» qu’il
dédicace « aux hommes futurs». 10 Le contexte historique du moment (les deux guerres mondiales) amène Piet Mondrian à s’exiler à Londres (jusqu’en 1940) et en dernier lieu à New York, ville qui est « l’amplification vivante de ses idées ». 11 En 1943, il écrit au peintre J.J. Sweeney « Je me rends compte seulement maintenant que mon travail en noir et blanc avec des plans de couleurs a été seulement du dessin en peinture à l’huile » 12, ceci annonce d’une certaine manière le changement de style de Mondrian (Broadway Boogie Woogie) où, les surfaces colorées de tailles réduites sont multipliées. À cette époque de nombreux artistes étrangers dont Duchamp et Dali, par exemple, sont aussi présents à New York. |
Incidences | La Nouvelle plastique, vue comme « théorie
universelle » par Mondrian, exerce une influence importante dans
les domaines architecturaux, graphiques, publicitaires dès les
années 1920 notamment en Allemagne (Bauhaus), en France et aux
Pays-Bas. C'est surtout parmi les créateurs et designers (ex
: Yves Saint Laurent, collection 1965) européens ou américains
de la génération d'après 1945 que son influence
est la plus forte. L'architecte Mies van der Rohe avec ses ossatures
d'acier rectilignes et apparentes, le peintre Richard Paul Lohse avec
ses couleurs organisées en séries, Jean Gorin avec ses
compositions orthogonales font chacun référence à
une période différente de son œuvre. Les peintres
Ellsworth Kelly (Yellow Red, 1972) ou François
Morellet (utilisation de lignes noires ou de couleur) font aussi référence
à l’œuvre de Mondrian. 13 |
1 Nom
à la naissance MONDRIAAN |
|
Bibliographie | BIANCHERI Alain, Les arts plastiques
au XXème siècle, Nice, 1996, Z Éditions. DUROZOI Gérard, Dictionnaire de l’Art moderne, Paris, 1992, Hazan. MONDRIAN Piet, La nouvelle plastique dans la peinture, Pays-Bas, Revue De Stijl, No. 1 octobre 1917. MONDRIAN Piet, Toward the True Vision of Reality, New York, 1942. OTTOLENGHI Maria Grazia, Toute l’œuvre peint de Mondrian (traduit de l`italien, Editions Rizzoli, Milano, 1974 ), Paris, 1976, Flammarion. Encyclopédie Hachette, 2001, Hachette Livre. RINUY P.-L., Baudin Antoine, Bouillon J.-P., La peinture au XXème siècle (1900-1939), Paris, 1996, Éditions Citadelles & Mazenod. SEUPHOR Michel, Piet Mondrian (nouvelle édition entièrement revue par l’auteur), Paris, 1987, Librairie Séquier, Archimbaud-Birr-Garamont. |
Commentaire |
Julien Bayi |
Retour en haut | [Fermer la fenêtre] |