Artiste | Lászlò Moholy-Nagy |
Œuvre | Le Modulateur-espace-lumière |
Date de création | 1930 |
Dimension | 151 x 70 x 70 cm |
Média | Métaux divers, plastique et bois |
Principales caractéristiques | La sculpture le
Modulateur-espace-lumière de Moholy-Nagy symbolise l'aboutissement
de ses diverses expérimentations artistiques des années
1920. Cette œuvre, formée de pièces de métal,
de plastique et de bois, est constituée d'une variété
de surfaces mates et lustrées. Un plan circulaire est divisé
en trois sections égales, détenant chacune différents
mécanismes, servant à élever des disques, faire
tourner une spirale en verre et déplacer des drapeaux de métal.
Tout l'ensemble effectue une rotation à toutes les quarante secondes
et un ensemble de 116 lampes colorées de couleurs primaires et
de rouge, bleu, vert et blanc est projeté sur la surface. Cette
sculpture donne forme et mouvement à la lumière projetée
sur les différentes surfaces. |
Situation dans l’œuvre de l’artiste | Comme mentionné précédemment, la sculpture
Modulateur-espace-lumière est déterminante
dans le travail de Moholy-Nagy. Elle est la symbiose de plusieurs préoccupations,
tant plastiques que théoriques. En effet, les formes géométriques
prédominantes dans cette œuvre sont typiques du travail de
Lászlò, qui privilégie les constructions empruntées
à l'abstraction géométrique russe. La transparence
et le mouvement sont aussi des préoccupations essentielles de Moholy-Nagy.
Il cherche à briser le côté statique présent
dans de nombreuses créations. De plus, l'artiste privilégie
l'interpénétration de divers médias artistiques,
ce que le Modulateur-espace-lumière
représente bien. Comme plusieurs artistes de cette époque,
les progrès technologiques représentent pour lui une source
d'inspiration. Il cherche à représenter des modèles
à tendance industrielle, ce pour quoi il utilise des matières
réfléchissant la lumière, telles que le métal,
le plastique ou le verre. Une autre grande préoccupation de l'artiste était la relation entre le public et l'artiste. Le Modulateur-espace-lumière n'est qu'une amorce dans ce sens, puisque l'attention du spectateur est captée par le mouvement, le jeu de lumière, mais celui-ci n'a aucun contrôle sur les mouvements qu'effectue la construction. Plus tard, il poussera cette idée en créant des sculptures mobiles, où le spectateur sera invité à participer à l’œuvre, en modifiant des éléments tels que la vitesse de rotation de la sculpture. De plus, l'artiste questionne profondément le concept de création, et cherche à lier l'art aux nouvelles méthodes de productivité de l'industrie. Il illustre cette théorie par ses tableaux téléphoniques, qui ont été commandés par téléphone à une usine d'enseignes. Cette œuvre pousse à l'extrême cette notion de détachement émotif entre l'artiste et son travail, tel que le ferait une machine. L'aspect social de l'activité artistique occupe une place très importante dans le travail de Moholy-Nagy. Il a écrit deux articles qui en témoignent : « Kunstbetrachtung=Weltbetrachtung » (Contemplation artistique = contemplation du monde), en 1925, et « The Contribution of the Arts to Social Reconstruction » (la contribution des arts à la reconstruction sociale) en 1943 1. La plupart de ses expérimentations tenteront donc d'illustrer cette relation privilégiée entre le public, l'artiste et œuvre. |
Situation dans son contexte | Par son effervescence artistique, le début du siècle
est riche en liens avec la situation socio-politique très mouvementée.
La peinture et la littérature d'avant-garde ont émergé
à Budapest après la Première Guerre Mondiale, en
même temps que le mouvement Activiste, développé par
Lajos Kassák. Moholy-Nagy participe à la fondation de la
revue MA (Aujourd'hui), un support pour le développement d'un art
universel, propre à l'idéal communiste. Cette expérience
lui sert à développer ses préoccupations artistiques
ainsi que sa vision du monde. Il est influencé par de nombreux
artistes et mouvements artistiques, entre autres le dadaïsme et le
constructivisme. Il découvre aussi un grand intérêt
pour les technologies industrielles, qui seront propices à de nombreuses
expérimentations. En 1923, Walter Gropius l'invite à enseigner
au Bauhaus de Weimar. En 1928, il accepte de diriger le New Bauhaus de
Chicago, cette école qui a marqué l'enseignement de l'art,
de l'architecture et du design au 20e siècle. |
Incidences | Moholy-Nagy est un artiste dominant du début du
20e siècle. Aujourd'hui encore, son influence est palpable dans
différents domaines artistiques. Comme plusieurs artistes de son
époque, il effectuait ses expérimentations avec divers médias.
De nombreux artistes ont été influencés par son travail,
tant plastique que théorique. Ses découvertes majeures ont
été faites à travers : — ses photogrammes, — ses fameux tableaux téléphoniques, qui sont en fait les précurseurs de l'art informatique, parce qu'effectués à partir de la trame, — ses sculptures cinétiques, ainsi que ses livres, dont Vision in Motion, en 1947, qui a éclairé la sensibilité visuelle du 20e siècle, et ses films. Le monde du graphisme lui doit beaucoup, ainsi que ses nombreux legs en pédagogie. |
1 Alain
FINDELI, Le Bauhaus de Chicago: Œuvre pédagogique de Lászlò
Moholy-Nagy, Editions du Septentrion, Québec, 1995, p.229. |
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Bibliographie | CUMMINGS, Paul, Richard KOSTELANETZ. Moholy-Nagy: Documentary
Monographs in Modern Art, Praeger Publishers, New York, 1970, 238
p. Encyclopaedia Universalis, France, 2003. FER, Briony, et al. Realism, Rationalism, Surrealism: Art between the Wars, Yale University Press, New Haven & London, 1993, 342 p. FINDELI, Alain. Le Bauhaus de Chicago: Œuvre pédagogique de Lászlò Moholy-Nagy, Éditions du Septentrion, Québec, 1995, 465 p. MOHOLY-NAGY, Lászlò. L. Moholy-Nagy, Institute of Contemporary Arts, London, Arts Council of Great Britain, 1980, 63 p. MOHOLY-NAGY, Lászlò Terry SUHRE. Moholy-Nagy: a New Vision for Chicago, Illinois State Museum, State of Illinois Gallery, 1990, 127 p. MOHOLY-NAGY, Sibyl. Moholy-Nagy: Experiment in Totality, Harper & Brothers Publishers, United States of America, 1950, 253 p. |
Commentaire |
Anne Painchaud-Ouellet |
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