Artiste | Antonio Gaudi |
Œuvre | Le parc Güell |
Date de création | 1900 à 1914 |
Dimension | 4,85 x 11,45 m |
Média | Jardin public, Barcelone, Espagne |
Principales caractéristiques | L’entrée du Parc Güell est formée de deux pavillons à grande toiture sinueuse, recouverte de céramique. L’escalier, avec son dragon au centre, mène à la salle hypostyle. Le célèbre banc moulé 1, le traitement de la pierre, la voûte de brique, l’utilisation des arcs paraboliques, ainsi que l’emplacement de ce parc en font un chef-d’œuvre catalan. Ce projet de cité-jardin 2, réalisé entre les années 1900 et 1914 avait été le fruit de la collaboration du mécène Güell et d’Antonio Gaudi y Cornet. Le parc s’étendant à la périphérie de la ville de Barcelone fut un échec sur le plan financier et fut transformé en jardin public en 1928.
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Situation dans l’œuvre de l’artiste | Gaudi était fasciné par la nature et comme les artistes de l’Art nouveau, il montrait une prédilection pour les formes dynamiques trouvées dans celle-ci. Elle lui suggérait des couleurs, textures et d’excellentes idées pour édifier des structures. Par contre, les réalisations de ses contemporains européens, étaient surtout destinées à une clientèle aisée et préservaient leur statut d’art décoratif. Gaudi avait un sens très aigu de la décoration mais jamais chez lui, l’ornement, n’a déterminé la forme. « Sans vouloir définitivement résoudre la question de leurs rapports, on peut dire que l’œuvre de Gaudi n’est pas le reflet des théories et thèmes de l’Art nouveau, et qu’il faut en rechercher ailleurs l’originalité. » 3 Dans son œuvre les éléments constructifs et le système décoratif font parti d’un tout organique. Il recouvre les structures, les fait vivre et surtout leur fait perdre de leur matérialité. Dans le Parc Güell, il est difficile de faire la part de ce qui revient à la nature et de ce qui est le fruit de l’imagination de l’architecte. L’architecture était sa passion et il la considérait comme une sorte de religion. D’ailleurs les symboles religieux sont présents dans tous ses édifices. La nature avait les solutions aux problèmes structuraux les plus compliqués et elle pouvait résoudre en même temps ses formes propres de la manière la plus adéquate et la plus esthétique. « Toute l’œuvre de Gaudi qui est un hymne à la nature et au créateur, surmonte la force d’attraction terrestre en composant avec elle. » 4 Étant donné la qualité et la complexité des formesÉtant donné la qualité et la complexité des formes qui existent dans la nature, Gaudi chercha un moyen de simplifier et de rendre maniables tous les matériaux qui piquaient sa curiosité. L’utilisation des matériaux (verre cassé, faïence, fragments de bois) prouvait que le résultat esthétique d’œuvre ne dépendait pas de la qualité intrinsèque du matériau employé. Aussi, l’emploi de carreaux cassés (trencadis) s’adapte beaucoup mieux que celui de carreaux entiers, dans un collage de céramique 5 aux surfaces courbes.
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Situation dans son contexte | Le style architectural le plus marquant de la grande expansion de Barcelone fut, vers 1900, le modernisme symbolisé par Gaudi. Ce mouvement était désigné par le terme britannique de « Modern style » et fut appelé « Art nouveau » en France. Plusieurs œuvres de Gaudi caractérisent bien ce style très individualiste, qui représentait une rupture avec le passé, à la fois dans le domaine des arts et dans celui des métiers. Le Palacio Güell (1886-1891), Casa Mila (1906-1910), Casa Batllo (1904-1906), Parc Güell, crypte de la Colonia Güell et Église de la Sagrada Familia (1909-1910) démontrent un désintérêt général pour la structure formelle. Aux environs de 1910, Gaudi s’abandonna à une exigence religieuse désespérée et ce sera la naissance de la fameuse Sagrada Familia qui, encore aujourd’hui, demeure inachevée. Il a développé un style très personnel aussi grâce à l’utilisation de l’arc parabolique 6, qui n’a été que très rarement employé au cours de l’histoire. Son tracé est moins simple que celui de l’arc plein cintre ou de l’arc en ogive. On retrouve cette forme d’arc dans l’ancien Palais de Ctésiphon. 7 Le Parc Güell se démarque dans sa position d’avant-garde car il est l’exemple parfait de l’imagination de l’architecte et de la nature où forme, construction et structure ne font qu’un. C’est le seul modèle de parc urbain réellement nouveau de l’époque moderne.
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Incidences | Gaudi et son œuvre restent encore mal connus du grand public et il ne semble pas y avoir une étude complète sur sa vision. L’œuvre de Gaudi a pourtant occupé toute une époque de l’architecture espagnole. Il n’a été reconnu que tardivement en raison de son aspect individualiste poussé à l’extrême et probablement aussi à cause de la prédominance du rationalisme au cours de la première moitié du 20e siècle. Contemporain du Cubisme, du Néo-plasticisme, du Constructivisme, Gaudi se présente comme un Expressionniste avant la lettre. Les Surréalistes catalans ont fortement prisé les thèmes de la pauvreté et de marginalité de son œuvre. « Ils ont vu en lui une première manifestation de leurs propres inquiétudes et de leur tendance envers la culture bourgeoise. » 8 Le symbolisme religieux, son effort en vue d’un dépassement du gothique l’ont éloigné d’une certaine manière de l’architecture moderne. L’essence de son architecture demeure intemporelle et son système de construction technique et fantastique aurait pu être utilisé aussi bien par un maître gothique que par le plus avant-gardiste des architectes contemporains. 9
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1 A propos du banc incrusté et de Jujol. Taschen, Benedikt, JOSEP MARIA JOJUL, Germany, 1992, pp. 11-12. 2 Description détaillée du projet. Sola-Morales, de Ignasi, GAUDI, Paris, Editions Albin Michel, 1983, pp.21-22. 3 Encyclopédia Universalis, DICTIONNAIRE DES ARCHITECTES, Paris, Albin, Michel, 1999, p. 271. 4 Voir à ce sujet. RAPPORT D’ACTIVITÉ DU GERPHAU : travaux et résultats intermédiaires. www.gerphau.archi.fr/htlm/page/actu.html 5 Technique de la céramique. Dessain et Tolra, RENOUVEAU DE LA MOSAÏQUE, Paris, 1974, 127 p. 6 Superbe site qui démontre l’arc parabolique. www.mathcurve.com/courbes2d/parabole/parabole.shtml 7 www.livius.org/ct-cz/ctesiphon/ctesiphon.htm 8 Sola-Morales, de Ignasi, GAUDI, Paris, Editions Albin Michel, 1983, pp.7-8. 9 Les passeports de l’art, LES ARCHITECTURES FANTASTIQUES DE GAUDI, Paris, édition Atlas, 1983, p.11.
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Bibliographie | Axis, L’UNIVERS DOCUMENTAIRE, Paris, Hachette, 1993, pp.132-155. Descharmes, Robert et Prévost,Clouis, LA VISION RELIGIEUSE DE GAUDI, Suisse, 1969. 245 p. Durliat, Marcel, ART CATALAN, Paris-Grenoble, Arthaud, 1963, 413 p. Elsevie, Sequoia, LE GRAND LIVRE DE L’ARCHITECTURE MONDIALE, Paris/Bruxelles, 1976, 271 p. Léal, Brigitte, Trenc, Elisée, BARCELONE DES AVANT-GARDES, Paris, Réunion des Musée Nationaux, Hazan, 2001, 94 p. Menne, Hubert, HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE, Paris, Editions Eyrolles, 1967. pp. 175-176.
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Commentaire |
Chantal Baril
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